Peut-on réellement s’émanciper au sein de la famille africaine ?

Article : Peut-on réellement s’émanciper au sein de la famille africaine ?
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6 novembre 2023

Peut-on réellement s’émanciper au sein de la famille africaine ?

Il y a quelques jours, j’ai mis en ligne un billet au titre similaire pour partager avec vous mon expérience à ce sujet. Billet écrit et publié à la suite d’un énième désaccord familial qui m’a bien aidé à extérioriser la colère du moment. Je n’avais pas réalisé la portée plus générale du problème car trop occupée à gérer mon propre cas mais aujourd’hui, je suis prête à en parler à tête reposée. Est-il possible de s’affranchir de la famille en Afrique ?

Petit rétro sur mon expérience

Je suis la benjamine et la seule fille/femme de ma famille et ça a toujours représenté d’énormes responsabilités pour moi. Sans entrer dans les détails, disons qu’on a toujours été très exigeant avec moi et, toute ma vie, je me suis démenée pour être à la hauteur avec plus ou moins de succès. Parfois au prix de plusieurs traumas et dépressions que j’ai dû surmonter toute seule. Car c’est connu en Afrique, la dépression c’est pour les blancs et les faibles. De nombreuses fréquentations m’ont toujours fait remarquer qu’être le prototype de la « fille modèle » équivaut à me tirer en quelque sorte « une balle dans le pied ». Mais il était hors de question pour moi de décevoir mes parents. Et c’est ça qui est la cause de la plupart de mes malheurs aujourd’hui que je suis adulte. Et, naturellement, je veux m’affirmer en tant que femme.

Je n’ai jamais adhéré à l’idéologie selon laquelle la liberté devrait s’arracher en famille. J’ai toujours cru qu’en faisant exactement ce qu’on attendait de moi, il serait plus facile pour moi de m’émanciper. J’avoue que quand j’y repense, je me sens si naïve… A toujours vouloir faire de mon mieux pour répondre aux attentes, j’ai donné l’impression que je n’avais pas de volonté ou de besoins propres à moi. Alors quand une fois adulte, j’ai voulu m’affirmer, l’harmonie qui avait régné jusqu’ici a totalement volé en éclat. Et en continuant de vivre sous le même toit que mes parents, elle a continué à se détériorer encore et encore, au point que partir soit devenu ma seule option.

Pourquoi est-ce difficile de s’affranchir de la famille ?

En Afrique, il existe un nombre incalculable de raisons qui donnent la main mise aux parents sur la vie des enfants.

  • Déjà culturellement et religieusement, respecter ses parents c’est la base de la vie d’un enfant. Et ce respect se traduit par une soumission et une dévotion absolues. Au risque de se retrouver « maudit(e) » et de vivre une vie de malheurs. Pour cela, la plupart des enfants, dès le plus jeune âge, apprennent qu’ils ont le devoir de se taire et obéir tant qu’ils seront considérés comme des enfants. Une manière de s’affranchir de cette autorité, est le départ définitif de la maison des parents.

Comment peut-on alors s’affranchir de la famille/des parents ?

Comme je l’ai dit plus haut, gagner mon émancipation « à la loyale » n’a pas marché. Malgré tous mes efforts pour m’affranchir de l’autorité parentale dans la paix, je n’ai jusqu’ici pas réussi. Du moins je n’ai pas réussi à m’en sortir sans un nombre important de “clashs” qui se sont tous soldés en guerre froide. Je suis donc peut-être mal placée pour donner des conseils avisés. Mais je vais vous donner deux conseils, un que j’aurais peut-être dû suivre plus tôt et le second que je m’apprête à suivre désormais.

  1. La liberté s’arrache, la méthode pacifique ne marche pas. N’ayez pas peur d’être vous même au risque de choquer vos parents. Vous leur devez respect mais vous vous devez d’être heureux parce que, comme on dit chez nous au Cameroun : « le cercueil c’est une place ». Votre vie est à vous seul(e), vivez-là sans regret, parce que le jour de votre mort, vous serez tout seul. Donc évitez de vous mettre la pression à vouloir satisfaire les autres quand bien même ce seraient vos parents.
  2. Partez de la maison familiale le plus tôt possible ! Je sais que ce n’est pas facile, les moyens financiers parfois ne sont pas au beau fixe. En plus, il faut l’avouer, chez les parents c’est souvent confortable, tout y semble plus facile. Et c’est justement là qu’est le piège, il faut absolument sortir de la « facilité ». Il est mieux de préserver sa santé mentale que de vivre dans le confort. Car ça n’en a peut-être pas l’air, mais la famille est un facteur important dans la dépression chez les jeunes. Personnellement j’ai développé de l’anxiété à cause de la mienne, chose qu’elle n’a jamais acceptée. Pour elle, je suis juste trop stressée, mais quelle en est la cause ? On se le demande bien… La paix, le respect de soi, l’épanouissement personnel, le bonheur etc. sont tout ce à quoi un être humain devrait aspirer. Et cela ne doit pas être mis entre parenthèses pour quoi que ce soit.

J’espère que certains parents liront ce billet et se rendront compte d’à quel point ils peuvent, sans le savoir, être des poids sur les épaules de leurs enfants et pour cela, se remettront en question. Mais surtout j’espère que ceux qui vivent cette situation prendront courage pour avancer. J’espère enfin vous annoncer bientôt que ce combat là, je l’ai gagné. Mais en attendant,

Bien des choses à vous.

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Commentaires

joycekeutcha
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Courage à toi!