Africaine et Féministe.
De manière globale, le féminisme peut être considéré comme un mouvement visant à mettre fin au sexisme, à l’exploitation et à l’oppression sexistes et à réaliser la pleine égalité de genre en droit et en pratique. Trouver le meilleur angle pour parler de féminisme quand on est une femme africaine « d’Afrique » n’est pas chose aisée. Un mâle dominateur se dit que c’est une pensée occidentale venue pervertir les femmes africaines « si parfaites » qui osent aujourd’hui, je cite « se prendre pour des hommes ». Mon avis sur l’avortement avait divisé même des femmes. Suis-je donc partisane de tout ce qui mène à une sorte de décadence morale et atteinte aux bonnes mœurs?
Pourquoi le féminisme?
Pour moi, il est presqu’irréel d’être une femme et ne pas être féministe – du moins un minimum. Très tôt la différence entre l’éducation des garçons et celle des filles est pourtant frappante. Je me souviens encore du nombre de choses que je ne pouvais pas me permettre de faire par rapport à mon frère. Toutes ces choses qui donnent l’impression à certaines d’être mal aimé.
Toutes ces choses ont forgé mes pensées, résultant parfois sur quelques frustrations. Puis un jour, je me suis demandée pourquoi je devrais être celle qui accepte de vivre dans la crainte. Est-ce toujours à moi de faire des efforts pour m’adapter aux hommes? Pourquoi auraient-ils plus de droits que moi?
J’ai pourtant eu du mal à m’affirmer et à faire entendre ma voix. Une fille qui pense par elle-même et pour elle-même? La plupart des gens ne sont pas prêts. D’ailleurs aujourd’hui encore, certaines personnes le démontrent à l’envi, en essayant systématiquement de me “contredire”. En estimant que c’est un combat puéril de femmes aigries et frustrées. Qui finiront sans doute seules parce que, de toute façon, « qui voudrait d’une femme dite insoumise? ».
Les femmes dans la société africaine
Je le redis encore je suis une africaine d’Afrique. Je ne connais que trop bien mon environnement surtout en ce qui concerne les “droits” des unes et des autres. Dans nos sociétés, l’homme c’est le « Chef », c’est lui qui a le monopole de tout. Celui du savoir, de la force, de la trasherie*. Tout lui est dû. La femme quant à elle a surtout des devoirs. Elle doit savoir être docile, maniérée, faible, fragile, toujours prête à se sacrifier au nom de la famille. On dira c’est elle l’ombre qui doit absolument donner plus d’éclat à la lumière. Ne disent-ils pas que derrière un grand homme se cache une grande femme? Grande est la femme qui sait donc supporter, vivre le martyr en feignant d’être heureuse.

La place de la femme est donc secondaire. La société ne laisse pas beaucoup de place à la femme, surtout celle qui s’affirme et revendique le peu de droits qu’on veut bien lui accorder. La preuve, la valeur d’une femme se résume encore à sa capacité à être épousée et fonder une famille. Elle n’a pas besoin d’être éduquée et indépendante, d’ailleurs les chiffres sur la non scolarisation des jeunes filles et de mariages arrangés, en sont des exemples palpables. Les hommes ont sans doute peur que leur masculinité s’amenuise au point de disparaître si les femmes s’émancipent.
La féministe que je suis.
Contrairement aux idées reçues, le féminisme n’est pas la guerre aux hommes mais au patriarcat. Ce courant de pensée dont les hommes ont tant de mal à se défaire. Car crois le ou non, des hommes féministes, ça existe. Je ne parle pas de ceux qui le sont quand il faut faire 50/50 pour les factures mais moins quand la jupe est au dessus des genoux, non. Je parle bien d’hommes qui comprennent qu’on souhaite juste un meilleur traitement.

Pour ma part, mon éducation fait qu’il y a des combats que je ne mènerai probablement jamais. Parce que grandir et vivre en Afrique a tout de même déteint sur moi. Pourtant mon féminisme est peut-être ce qui me caractérise le mieux. Non, être féministe, ce n’est pas être essayer d’être un homme. C’est être femme aux multiples talents, qui exprime et vit ces derniers sans se soucier de son genre. Prendre les décisions pour elle et pas pour se conformer à la société qui semble la forcer au silence. En ce qui me concerne, Je suis une femme et bien plus encore. Je sais ce que je mérite et je n’en attendrai jamais moins de la vie !
*Trasherie: actes inappropiés.
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