Le congé menstruel, qu’en penser ?

Article : Le congé menstruel, qu’en penser ?
Crédit: Pexels.com
23 février 2023

Le congé menstruel, qu’en penser ?

Depuis quelques jours, la toile se divise une fois de plus pour un sujet autour des femmes : le congé menstruel. Après l’adoption par l’Espagne de cette loi, il est normal de se demander quels pays suivront son exemple. Et la question divise les réseaux sociaux notamment au Cameroun, entre ceux et celles qui saluent cette mesure et les autres qui y voient une forme de discrimination « contre-productive ». Qu’en est-il réellement ?

Une femme sur deux souffre de règles douloureuses

Peut-être qu’il faudrait commencer par se demander qu’est ce que c’est que les règles douloureuses. Les dysménorrhées sont des douleurs qui ont lieu au moment des règles. Elles peuvent subvenir avant ou pendant ces dernières et se prolonger pendant quelques jours. On distingue les dysménorrhées primaires qui sont celles présentent chez les jeunes filles et les secondaires présentes chez certaines femmes adultes. Selon une étude, si les règles douloureuses touchent 48 % des femmes, ce taux s’élève à 60 % chez les plus jeunes, âgées de 15 à 19 ans. Dans la majorité des cas, elles sont sans causes alarmantes mais peuvent être le signe d’une endométriose, d’une infection etc.

Les manifestations sont diverses : elles vont des crampes utérines plus ou moins intenses, la fièvre, la fatigue (pour ne citer que les plus soft…) à des situations bien plus complexes. Pour ma part, j’ai eu à expérimenter plusieurs fois des vomissements et dans des cas extrêmes, une paralysie des membres inférieurs pendant plusieurs heures.

Une bonne initiative ?

En toute honnêteté, j’écris sans doute ce billet de façon très partisane. Je souffre de dysménorrhées depuis aussi longtemps que je m’en souvienne. Je sais ô combien il peut être difficile de vivre son quotidien durant ces périodes là. Même les choses les plus basiques deviennent un véritable parcours du combattant. Alors cette loi, je l’acclame, je la respecte et la soutiens à 1000%.

Mais je peux comprendre les réserves émis par certains face à cette nouvelle loi, qui pourrait freiner encore plus la courbe de l’employabilité des femmes, en plus de tous les facteurs qu’on connaît déjà. Le sacré saint patriarcat déjà bien ancré, qui a tendance à dévaloriser les femmes du fait de leur utérus, s’en frotte les mains. Couplé tout cela au capitalisme à dominance mondiale, les entreprises pourrait encore plus être réticentes à employer des femmes. Un employé qui fera moins de jours de travail ? Non merci !

Quel impact ?

La thèse avancée par un certain nombre de misogynes, parce que oui c’est de ça dont il s’agit, est que les femmes seront désormais payées à faire le moins « possible ». La productivité s’en retrouvera de facto impactée et la rentabilité aussi. Déjà, petit rappel, toutes les femmes ne souffrent pas de dysménorrhées. Par ailleurs, toutes les femmes n’ont pas les mêmes symptômes, de même envergure, tous les mois, à la même période (c’est absurde).

Ensuite, note pour les grands défenseurs du capitalisme : un employé inconfortable est de toutes façons improductif, tout « bon » manager le sait. Le rendement est d’autant plus important lorsque les employés sont épanouis et se sentent bien dans ce qu’ils font (vous pouvez Googler !). Je ne peux compter le nombre de fois que des hommes, et femmes d’ailleurs, m’ont dit « Les règles, ce n’est pas une maladie, c’est naturel« . L’enfantement aussi est naturel, alors on supprime le congé maternité ?

Le seul risque encouru est de faire preuve d’humanité. Est-ce si difficile en soi ?

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Commentaires

Adelaïde Fouejeu Fouebou
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Ce problème est complexe. Tu as su l'aborder avec beaucoup tact.