Les réseaux sociaux: les tribunaux 2.0

Article : Les réseaux sociaux: les tribunaux 2.0
Crédit: pexel-pixabay
22 septembre 2022

Les réseaux sociaux: les tribunaux 2.0

Je suis de la génération Z, celle là même qui a grandi avec les réseaux sociaux. J’ai découvert comme tant d’autres les plaisirs des réseaux sociaux : se rapprocher, s’informer, s’amuser… Je prenais du plaisir à surfer sur la toile et à me rendre compte de ce que le monde ne soit pas si grand finalement. Les réseaux sociaux aidaient les médias, les entreprises et artistes par exemple à promouvoir leur travail. Ils s’en servaient pour évaluer leurs audiences et se rapprocher des clients et fans dans le cas d’artistes. Les réseaux sociaux ont même aidé à rendre la politique plus accessible et les politiciens plus proches du peuple. Mais aujourd’hui, on observe une mutation des réseaux sociaux, qui ont troqué leurs fonctions premières pour devenir les nouveaux tribunaux dans lesquels les internautes sont souvent juges et jurés.

Les réseaux sociaux : la voix des sans voies

Lorsque les réseaux sociaux ont commencé à prendre de l’ampleur, ils étaient surtout la voix des sans voies. Ils permettaient de dénoncer les injustices et de créer des mouvements visant à mettre pression sur les gouvernants pour le changement. Je me souviens encore de la naissance de mouvements tels que #MeToo, pionniers dans la libération de la parole autour des violences faites aux femmes ou #JusticePourAdama, qui avait ouvert le débat sur les violences policières en France. Les réseaux sociaux ont permis de donner de la force pour combattre les discriminations liées à la race comme aux minorités. On se souvient tous de la naissance du #BlackLivesMatters contre le racisme.

Manifestation pour #BlackLivesMatters
Photo de Shane Aldendorff sur Pexels: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/personnes-debout-pres-du-monument-avec-des-pancartes-4561558/

Aussi, les réseaux sociaux ont aussi permis de mettre en lumière des arnaques et protéger le grand public contre ces malfrats. L’affaire la plus récente étant celle opposant le rappeur français Booba aux influenceurs sous le hashtag #influvoleurs. Celle-là qui a d’ailleurs conduit à la mobilisation de certains pouvoirs publics ainsi que des artistes et des médias. Cette affaire fait encore couler tellement d’encre qu’on en est tous scotché.

Reportage de BRUT. sur l’affaire Booba Vs les influvoleurs

La course aux « likes » et les dérives

réseaux sociaux et like
Aimants à like ( Source: Rawpixels)

Tandis qu’on note la capacité de mobilisation des masses pour des problèmes d’ordre général. La course aux abonnés et aux « likes » a mené à la multiplications de dérives. Sous le signe de la liberté d’expression, on assiste à du cyberharcèlement sous fond de bodyshaming, misogynie et racisme, ainsi qu’à des campagnes de désinformations etc. Actes qui visent à ternir l’image des uns et des autres, via des accusations sans preuve ni fondement et des montages parfois bien élaborés. Pour « percer », certains sont prêts à tout avec la complicité d’internautes qui, comme on dit au Cameroun « aiment le sang ». La vie privée est d’ailleurs reléguée au second plan, les cas les plus rependues concernent surtout les artistes. Par exemple, suite du rappeur PnB Rock, sa copine fut prise à parti par les internautes. Car selon eux c’est elle qui a causé cette attaque et d’autres qui ont même émis l’idée qu’elle serait complice. Dans un tout autre registre, Abou, star de télé-réalité a partagé son histoire et a mis la toile en émoi.

Interview de Abou Diaby avec Sam Zirah

Dans cette interview, Abou accuse sa désormais ex femme, d’infidélité. Bien qu’il ait pris le soin de protéger l’identité de la concernée, le tribunal des réseaux sociaux s’est auto-saisie de l’affaire. Résultat, cette dernière a dû faire face au cyberharcèlement et à la toute la misogynie qui va avec. D’ailleurs, les femmes en ont pris pour leur grade. Tout comme lors de la bagarre entre l’artiste camerounais Ténor et sa supposée ex copine. Des choses relevant du privée, qui ma foi, aurait dû le rester. Plus que jamais la prudence est recommandée lorsqu’on interagit avec les autres car tout ce qui est publié sur internet nous concernant, vérifié ou non, est désormais une preuve à charge lors de notre procès dans ces nouveaux tribunaux .

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