Les études sont-elles les clés du succès?

En vivant en Afrique, j’ai dû grandir sous l’influence de deux philosophies opposées concernant les études. La première qui découle de valeurs inculquées par des personnes comme mes parents qui dit que les études sont les clés de la réussite. Et la seconde partagée par beaucoup: « ce n’est pas en allant à l’école qu’on réussit dans la vie ». D’ailleurs la seconde philosophie faisait surtout écho à mon cœur quand je décidais de faire l’école buissonnière ou paresser. J’ai toujours cru que pour réussir et devenir quelqu’un dans la vie, je devais étudier sans relâche et être la meilleure. J’estimais que ceux qui pensaient que le niveau d’études n’avait rien avoir avec la réussite se fourvoyaient. Sinon pourquoi avons-nous inventé l’école? Eh bien, il faut dire que la vie m’a enseigner au point de souvent remettre mes positions en question.

Les études ne paient pas, c’est connu!

Au Cameroun, nous avons nos « mythes » qui tendent à rendre l’école inutile voir très peu utile. On connaît tous la légende des feus FOTSO Victor et KADJI DeFOSSO qui auraient fait fortune partant de « rien du tout ». L’émission « Réussite », il y a quelques années en avait même fait son cheval de bataille, en présentant à pratiquement tous les numéros des fortunes qui avaient émergé dans les mêmes conditions. Des personnes qui ne savaient presque pas lire ou écrire, devenues immensément riches grâce au travail seul, ça fait rêver. Des « success stories » à faire complexer les « bac+n » luttant contre le chômage comme nous.

Les réseaux sociaux ne sont pas venus nous rendre la tâche plus facile. Avec ces « coachs » aux 800 idées de Business par seconde qui se targuent de réussites financières presqu’invraisemblables, s’efforçant à nous faire comprendre que ce n’est pas parce qu’on a fait des études qu’on va réussir. Sans parler des influenceurs et ce qu’on appelle chez nous « scammers », qui occupent une place prépondérante sur nos écrans et qui donnent l’impression que l’intellect n’est qu’accessoire.

Surtout qu’ici le traitement réservé à certains corps de métiers laisse à désirer, quand ce ne sont pas les enseignants qui sont marginalisés. Ce sont des militaires qui sont radiés car ayant présenté de faux diplômes. Ces militaires ayant potentiellement été recrutés à la place de vrais diplômés.

Pourquoi donc faire des études ?

Je me souviens de cette anecdote qui disait  » les gens qui ont bâti les pyramides, les temples aztèques ou le Taj Mahal, n’ont pas été à l’école et pourtant leurs œuvres perdurent des milliers d’années après. Tandis que nos diplômés aujourd’hui sont incapables de faire des routes qu’on n’a pas besoin de refaire tous les deux ans ».

Cette anecdote force une sérieuse remise en question, faire des études apporte quoi de plus que pouvoir utiliser des termes comme « je n’en disconviens pas » et « nonobstant » de façon juste? Pour ma part, faire des études m’a apporté une ouverture d’esprit à nul autre pareil et j’y ai appris des choses qui me seront toujours utiles, oui même comment utiliser un compas. Évidemment ça ne paie pas forcément mes factures. Mais je me contente du savoir qui m’a été transmis et qui est désormais mien.

Cela ne fait pas forcément envie, être riche sans fournir « d’efforts considérables » doit être attractif. Pourtant, je ne pourrais compter ce que les études m’ont apporté surtout en tant que femme. Aujourd’hui, j’ai une voix et elle compte. En plus des souvenirs incroyables que j’ai de mon apprentissage, quand mon père m’a appris à former correctement mes toutes premières lettres dans mon livre d’écriture. Ma toute première étude sismique, analyse de produits, mon tout premier montage électrique ou encore mon premier roman à venir. Le sentiment de fierté qui m’envahissait était juste indescriptible.

Je pourrais citer trois millions de raisons pour lesquelles les études sont importantes surtout pour les jeunes filles encore sous-scolarisées en Afrique. Les études ne garantissent peut-être pas la réussite dans un prisme financier et social, surtout dans le domaine qu’on a choisi, mais on ne perd jamais à en faire. J’aimerais par ce billet, mettre en lumière et remercier toutes les ONGs et associations qui font du droit à l’éducation, leur priorité.